3 novembre 2007 6 03 /11 /novembre /2007 11:41
 
Une larme sur le clavier
   Une larme sur le clavier, en fait, c'est pour faire un plus joli titre, mais, en réalité, il serait plus juste de dire, DES larmes sur le clavier.
   Comment, allez vous me dire???? Vous pleurez sur votre clavier???? Mais, pourquoi donc???
   Chacun d'entre vous à fait des rencontres sur le Net, des belles, des moins belles, des carrément moches....Il est facile de se débarrasser des importuns, un clic et hop, aux oubliettes.
   Puis, un soir, arrive en coup de vent un animal blessé.
   Quelques traces corporelles  ont laissées les bourrelets des cicatrices, avec le temps, les marques infligées s'estompent un peu mais elles sont imprimées dans cet organe directeur qu'est notre cerveau. Je ne désespère pas de pouvoir les effacer. Je suis une sorcière, ne l'oubliez pas, et , qui plus est, bien-aimée, donc, les pouvoirs sont décuplés.
   Il était bien mal en point ce petit animal, il y avait en lui tant de crainte qu'il avait bien hésité à s'approcher, mais, parfois, quand on arrive au bout de son chemin de souffrance, il faut plonger. Deux solutions, plonger dans le néant ou plonger dans un monde où des bras amis se tendent. Le premier plongeon n'ayant donné encore qu'un peu plus de souffrances, il s'est jeté à corps perdu dans le deuxième.
   L'inondation des claviers a commencé là.
   Dès le début.
   Des deux côtés.
   L'histoire qui est racontée en est une que n'aurait pas renié Zola, remonter tous ces souvenirs ne se fait pas sans dégâts, heureusement Mr Kleenex abat encore des arbres pour sécher la pluie salée.
   Revenir sur le temps passé et ses horreurs a aussi un autre but, l'animal blessé a pu enfin, parler, parler, parler.......
   La parole écrite est libératrice, elle permet de voir les mots, de bien les évaluer, d'en prendre tout le sens et, en quelque sorte de les dissocier de soi, d'en faire une histoire à part, presque comme un spectateur, j'ai bien dit presque.
   Je conseille souvent d'écrire sur une feuille de papier ce qui est si douloureux, puis de mettre le feu à cette feuille et de regarder brûler jusqu'au bout. C'est une petite aide simple mais elle est efficace.
  Le petit animal n'a pas pu faire cela, il ne voulait pas tout brûler, une fois avait suffit. Mais il a trouvé une autre manière, la sienne, et elle a payé.
   Il y a eu beaucoup de violence, accoucher d'une histoire et s'entendre dire des choses qu'on refuse est un viol, un viol par les mots.
  Il est d'une violence inouïe, il met à terre, il fait hurler, il donne la nausée, il fait replonger.
  Mais il fait se sentir vivant, quand on ressent à nouveau des choses, c'est que l'on vit, c'est que la sève remonte dans l'arbre, il ne peut que s'y développer des racines fortes qui maintiennent bien à terre et des branches neuves sur lesquels viennent se poser les oiseaux et, y bâtir leurs nids.
   Peu à peu, les larmes de désespoir ont fait place à des larmes de paix, des larmes qui s'écoulent seules, comme ça, comme pour vider le trop plein, en fait elles nettoient les conduits, elles effacent toutes les traces de tartre qui pourraient à nouveau boucher le canal salvateur.
  Il y a encore des larmes, peut être un peu plus d'un côté maintenant.
  Elles sont dues à une incompréhension, presque une révolte.
  Parfois, les yeux masqués ont un petit voile de buée quand un geste d'amitié le touche, quand des mots circulent de voix en voix, quand une attention particulière arrive à destination. C'est un voile de bonheur, ne nous y trompons pas.
  Des larmes, il y en aura d'autres, sans aucun doute, car la vie est ainsi faite, elle équilibre assez bien les choses. Comme le solde est largement positif, elles ne devraient pas réapparaître avant le changement du nombre de joueurs d'une équipe de foot.
  Ca laisse largement le temps de s'enraciner fortement à la vie, de panser les plaies à venir, d'accepter enfin que  les yeux de ceux qui aiment se posent et sourient.
  D'accepter enfin que les mains se rejoignent et que les doigts se mouent.
  Plus jamais ce ne seront les même larmes, plus jamais elles ne seront aussi envahissantes. Il a fallu en passer pas là, c'est une page qui se tourne. Elle reste à écrire.
  Dans le même temps, d'autres pages sont mises en forme, ce sera un testament de vie, ça, c'est pour payer les droits des larmes.
m-lise
 
 
 
www.lalyse.com 
 
 
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