10 juillet 2007 2 10 /07 /juillet /2007 16:20
Les guinguettes de Robinson

  

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          "Bien avant que n’apparaissent Robinson et ses guinguettes, ce quartier du Plessis-Piquet avait pour nom Saint-Eloi. Les bois d’Aulnay, tout proches, anciennes chasses royales, attiraient sous leurs ombrages de châtaigniers et d’acacias chasseurs et promeneurs. Les clients du bal de Sceaux, célébré par Balzac en 1830, contribuaient à la popularité de ces lieux.

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           Joseph GUESQUIN (1819-1889), qui allait souvent danser au Bal de Sceaux, découvrit un jour le lieu dit "La Châtaigneraie", avec des arbres de dimension tout à fait remarquable. En 1848, confondant le Robinson Crusoé de Daniel DEFOE (1719) et qui s’abrite dans une grotte, et le Robinson Suisse de J. D. Wyss (1813) et qui vit dans un arbre, il imagina d’installer dans l’un des plus gros châtaigniers, des cabanes de bois reliées par un escalier et d’en faire un bal-restaurant à l’enseigne du Grand Robinson. Le succès fut tel qu’il attira très vite d’autres restaurateurs. Les guinguettes de Robinson étaient nées." (Les Beaux Dimanches de Robinson, 1990).

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       En 1894, Alexis Martin, dans son livre "Les Étapes d'un touriste en France : Tout autour de Paris, promenades et excursions dans le département de la Seine", décrit l’atmosphère joyeuse et festive de Robinson : "Si nous rejoignons la rue Houdan, nous ne tarderons pas à en atteindre l'extrémité, et nous nous trouverons aux Quatre-Chemins, à l'endroit où s'est formé, depuis 1848, ce groupement de restaurants, de loueurs de voitures, de chevaux et d'ânes, de marchands de jouets et de pain d'épices, de cafés, de tirs à la carabine et de bals champêtres, connu sous le nom de Robinson. Ce n'est là ni un village, ni un hameau, mais une immense guinguette, paisible en semaine, extraordinairement animée le dimanche.

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      A Robinson, on festine dans tous les arbres, on boit sur toutes les terrasses et sous toutes les tonnelles, on danse sur toutes les pelouses. De Sceaux, de Fontenay, de tous les pays environnants, on arrive en char à bancs, en voiture, à cheval, à dos d'âne, à pied, en longue file, en rangs pressés, l'appétit ouvert, la chanson aux lèvres ; on se pend à tous les trapèzes, on grimpe sur toutes les escarpolettes, on fait mouche à tous les tirs, on se promène en bateau sur un lac grand comme une piscine.

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         A ce rez-de-chaussée, les billes d'ivoire se choquent ; à ce premier étage, on entend résonner un piano. Il y a encore des Parisiens qui vont à la campagne pour faire de la musique et jouer au billard ! Qu'importe ? le soleil rit sur les toilettes estivales à travers les nuages de poussière soulevés par les cavalcades ; les plats fument, les bouchons sautent, les garçons ahuris ne savent à qui répondre, les comptoirs sont pris d'assaut, les cuisines envahies. Le soir vient ; mille points lumineux éclatent de toutes parts ; le feuillage des vieux châtaigniers s'embrase de couleurs multiples ; un bruit semblable au grondement lointain de la mer emplit la rue : c'est la foule qui fuit vers les gares voisines."

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       Que reste-t-il des guinguettes aujourd’hui ? Chez Gégène, la plus célèbre, la plus prisée des marchands de tourisme, fait figure de monument. Les bords de Marne restent les lieux privilégiés des guinguettes, grâce à l’action de propriétaires passionnés, des municipalités de Joinville, Nogent et Champigny, et du département du Val-de-Marne qui mène une politique volontariste de rénovation des berges. La Guinguette de l’île du martin-pêcheur à Champigny, le Petit Robinson à Joinville... restituent une ambiance d’époque. Côté Seine, l’urbanisme de l’ouest parisien a anéanti les plus célèbres guinguettes, notamment en aval de Paris, à Chatou par exemple, lieu de rendez-vous des impressionnistes. Les nostalgiques peuvent s’y promener, mais la java et le petit vin blanc ont disparu depuis longtemps.

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 De Robinson à Robinson
              300 ans après, la boucle se boucle avec les commémorations par notre Ville du 300e anniversaire del’arrivée d’Alexander Selkirk sur son île. À cette occasion, Le Plessis-Robinson va se rapprocher des îliens de Robinson-Crusoé : un jumelage va en effet sceller officiellement l’alliance du mythe et de la fraternité entre les deux « Robinson » du monde. m-lise

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