ET L'ON CHERCHA TORTUE (2)

  

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ET L'ON CHERCHA TORTUE  (2)

Épervier rompt le silence et dit qu'il l'a vue marcher vers le couchant.  Alors, le roi ordonne que tous se mettent à sa recherche.  Le Singe entonne un chant de marche et tout ce que la brousse compte d'animaux valides part sur les traces de Tortue.

 De son refuge, Tortue entend le son du tambour dans la brousse et les cris des animaux qui approchent.  Prenant peur et ne pouvant se sauver, elle se recroqueville pour ne pas être vue.  Tout à coup, Phacochère la découvre.  Et bientôt, tous les animaux entourent Tortue.  Inquiète de cette agitation, elle ne répond pas aux voix qui lui demandent de sortir la tête.  Elle attend.

 Singe prend alors la parole :
"Tortue, Tortue, souviens-toi de ton père, souviens-toi de ton grand-père, et de tous ceux qui les ont précédés.  Tous ont vécu dans notre brousse et c'est là qu'ils ont leurs tombes.  Toi seule as quitté la terre de tes ancêtres.  Reviens !"
Tortue sort alors la tête.
"Reviens ! Depuis ton départ, la vie n'est plus comme avant.  La brousse te pleure et la mare a épuisé ses larmes.  La terre a séché.  Nous avons soif.  Tortue, reviens parmi nous !"

 Tortue est trop émue pour répondre à haute voix.  Elle appelle Crapaud et lui demande de parler en son nom.  Elle a trouvé la mare des anciens qui jamais ne sèche.  Elle peut leur montrer le chemin.

 Tous se mettent alors à sa suite, réglant leur pas sur le sien.  La mare est là, l'eau brille sous le ciel.  Tous se précipitent et boivent à en perdre haleine.  Et l'on voit Panthère à côté de Zèbre, Épervier à côté de Rat.  Ensuite, tous emplissent ce qui peut contenir un peu d'eau  et dans la joie, ils se remettent en route vers leurs familles restées dans la souffrance.

 Tous fêtent le retour de Tortue et l'eau tant espérée.  Les tambours rivalisent avec les claquements de mains.  Singe vante les mérites de Lion et de Tortue.  Les plus impétueux se préparent déjà à repartir vers la mare.  Mais le tonnerre gronde, et trois rafales de vent secouent les arbres.  La stupeur se lit sur tous les visages.  Et brusquement, la pluie s'abat sur la brousse.  Sous les trombes d'eau, tous dansent la joie, l'entente et l'avenir.

 Tortue regagne lentement le marais, heureuse de tout ce bonheur.  Elle retrouve enfin la mare de son père.  Entre deux éclairs, Lion proclame :
"Désormais, gent de poils, gent de plumes ou gent d'écailles, peuples de la terre, du ciel ou des eaux, coutumiers de la nuit ou coutumiers du jour, tous ne formons qu'une seule et même famille."Auteur inconnu  m

-lise