QUESTIONS DE TEMPS A peine les yeux ouverts, qu'ils faut les refermer, Tout quitter sans regrets et, sans se retourner. Laisser sa carcasse aux simples souvenirs; Une photo sur un meuble,condamnée à jaunir. A peine le temps d'aimer,qu'il faut se séparer; Se parer de faux semblants, au lieu de se haïr; Faire semblant d'être heureux, pour ne pas pleurer; Se cacher pour souffrir, aux nuits sans soupirs. A peine le temps de le connaître, qu'il s'est déjà envolé, En me plantant là avec mes larmes d'enfant, Devant le marbre froid d'un cimetierre verdoyant; Eternel hiver pour mon coeur déchiré. A peine être né, qu'on a déjà grandi; Et tout ces jeux d'enfants, noyés dans le vague à l'âme, Se muent, aux fils des ans, en vague jeux de dames, Comme pour donner un sens vain, au but que l'on poursuit. A peine le jour se léve, que la nuit est tombée; Et l'on cherche à tâtons les raisons d'être là; L'être là que l'on aurait pu être, mais que l'on n'est pas; A cause d'un rien, sinon peut-être, de ne pas être bien né. A peine a t'on écrit, que les mots sont éffacés, Emportés en tourbillons, par les vents ingrats de l'oubli. L'oubli d'avant, lorsque l'on était petit, Et que les mots d'amours, n'étaient que des baisers. A peine un regard sur le sang écoulé, Comme un voile de peines, aux martyrs oubliés. Une mère à genoux qui prie et qui maudit, Et le temps qui balaie d'un revers, le mépris. A peine le monde s'éclaire au levant, Qu'il s'assombrit dans les reflets du couchant. Et moi, comme un piquet au milieu de rien, J'attend patiemment, un signe qui ne vient. A peine ai-je parlé, qu'il faut déjà se taire, Et, doucement, éteindre la lumière.m-lise |